Nicolas Simarik a proposé au CENTQUATRE un projet participatif autour du thème symbolique de la clé. A travers son projet, Nicolas Simarik rappelle que l’art est aussi un espace du collectif et du quotidien. C’est dans ce cadre que l’artiste a souhaité, dès les débuts de son projet, travailler avec deux classes de maternelles autour de l’imaginaire de la clé. Il s’agissait pour l’artiste de savoir ce qu’évoquait la clé chez les enfants pour qu’ils s’approprient peu à peu sa démarche. Les rendez-vous se sont échelonnés sur deux années scolaires avec les mêmes enfants auparavant en moyenne section et aujourd’hui en grande section.
Première rencontre :Le mardi 17 juin 2008 : Nicolas Simarik a rencontré les élèves et leur a proposé de réaliser des dessins à partir de la forme d’une clé à travers. La clé est devenue ainsi le support de base à leur imagination.

Le jeudi 19 juin 2008 : Nicolas Simarik a rencontré pour la deuxième fois les mêmes élèves et leur a apporté cette fois-ci des clés. Il leur a dévoilé son projet. Une chasse au trésor a été organisée au sein de l’école. Les enfants ont découvert la fonction d’une clé et associé cette dernière à la notion de richesse, de butin.
Deuxième rencontre :
13 novembre 2008 : Cette fois-ci le rendez-vous a lieu au CENTQUATRE, dans l’atelier de Nicolas Simarik. Les « moyens » sont devenus « grands » et ont plaisir à retrouver l’artiste qu’ils ont rencontré des mois auparavant. Les maternelles sont venus avec des dessins de clés qu’ils offrent à l’artiste.
Les enfants découvrent l’atelier où travaille Nicolas, qui leur explique la scénographie du lieu : pourquoi le comptoir est en forme de clé, ce qu’on y fait... L’artiste collecte les anciennes clés apportées par les élèves et en échange leur donne la « clé du CENTQUATRE ». Nicolas leur montre également comment fonctionnent les machines, ainsi que les dalles de béton recouvertes de résine où sont disposées les clés, avant que ces dalles soient réparties dans divers lieux de Paris.
Nicolas Simarik interroge ensuite les enfants sur la fonction des boîtes numérotées qui ornent les murs de l’atelier. Il s’agit d’un calendrier de l’ « après », décomptant le temps de collecte des clés par l’artiste depuis l’inauguration du CENTQUATRE. Puis les élèves se sont cachés dans ces boîtes et ont joué à l’ « épervier » essayant d’éviter Nicolas qui les « survolait » jusqu’à ce qu’ils aient atteint les boîtes du mur d’en face.


Après ce jeu, l’artiste a répandu sur le sol des centaines de clés qui se sont déversées dans une cascade musicale et a invité les élèves à en choisir quelques unes pour les dessiner avec des feutres colorés dans les boîtes obscures.
Troisième rencontre :
4 décembre 2008 :
Rituel des cadeaux : les enfants ont encore gâté l’artiste avec un dessin de clé géante réalisé à l’école.
Nicolas a ensuite apporté un jeu de construction crée par ses soins, composés d’un support carré en bois percé de trous, des tiges métalliques, des cubes de bois percés et une montagne de clés. Chaque groupe de trois ou quatre enfants a essayé tous les assemblages possibles, les combinaisons, pour créer une structure en volume, qui s’élève dans l’espace et qui fait intervenir la clé. A la fin de la séance les créations de chaque groupe ont été réunies pour former une œuvre de plus grande échelle.
Au cours de ces rencontres, les enfants ont pu découvrir l’évolution du projet de l’artiste et la réalisation des dalles rassemblant les clés récoltés grâce au public qui était venu dans l’atelier de Nicolas Simarik. La pratique de l’art plastique s’est faite par le biais d’une rencontre avec un artiste. La succession des rencontres a permis d’évoquer avec les enfants la notion de trésor, de partage, d’art. Ils ont également éveillé leur sens, à travers l’apprentissage du son de la clé, de ses aspérités, de ses formes.
Sandra Buratti et Matthias Tronqual